Arrête ton cinéma!

"La beauté est partout, mais d'abord dans l'âme de celui qui regarde" - Pierre Perrault. Caméramages

C'est aujourd'hui qu'est édité par l'ONF le premier coffret dvd destiné à compléter la collection Pierre Perrault (la trilogie de l'île-aux-coudres est disponible depuis 2 ans, le 20 octobre sortira le cycle abitibien, le 10 novembre le coffret L'homme et la nature et le 1er décembre, le coffret Le fleuve).

Intitulé la Quête de l'identité collective, on y retrouve Un pays sans bon sens! et ses questionnements fondamentaux sur l'identité et l'appartenance, L'Acadie l'Acadie !?! et son regard précieux sur le combat pour une langue, le court L'Oumigmag ou l'objectif documentaire et le moyen-métrage Cornouailles, ainsi que que des bonus et un livret formidablement fournis.

Pour faire court: plus de 7 heures de générosité virtuelle, d'intelligence, d'empathie et d'humanisme. Le bonheur est donc à portée de dvd.

Allez, finies les aigreurs, le temps de l'optimisme est revenu. Et avec lui le temps des rêves.

Montréal aura, selon toutes probabilités, un nouvel espace dédié au cinéma dans le quartier des spectacles (dans le coin du métro St-Laurent). L'accord de vente du terrain à la société de développement Angus a en effet été entériné: les travaux commenceront au printemps, l'ouverture est prévue pour l'automne 2011.

4 ou 5 salles dédiées au cinéma d'auteur, pour le cinéma Parallèle, et des nouveaux locaux pour l'école de danse contemporaine se partageront les lieux.

Et puisque rien n'est commencé, on peut encore se les imaginer comme on veut, ces salles. Dans mon film, il y en aurait une drapée de tentures rouges, baroque et théâtrale, où se vivraient de grands événements. Une autre, intime et chaleureuse, où se renforcerait le sentiment de communauté. Deux ou trois autres, de taille moyenne, où s'éprouverait sans cesse le sentiment de sentir le cinéma pris au sérieux. Toutes seraient bien sûr confortables et techniquement sans faille.

Mais surtout il y aurait dès la sortie des salles un espace dédié aux cinéphiles, où venir échanger après les projections autour d'un café dont le prix n'égalerait pas le PIB du Mali. Un lieu sympathique et sans hiérarchie où seraient organisées des rencontres avec les cinéastes, les acteurs, les artisans du cinéma défendu, et des débats autour des questions que ce cinéma soulève. Un endroit à nous, garni en livres, revues, dvd et autres, où le partage serait sans cesse privilégié, où la passion serait un mot d'ordre.

On peut nous enlever beaucoup de choses, mais certainement pas le droit d'espérer...

Une fréquentation des salles québécoises qui attend son niveau le plus bas depuis des années, même en cas d'événements, le succès des films toujours estimé en fonction de leur résultats de box-office (un film qui gagne des sous est un film réussi...), des auteurs qui s'alarment un peu partout à travers le monde ("because people are only concerned with making money now and movies have turned into a moneymaking scheme. Movies now have to fit into market surveys, but creativity cannot be surveyed. It is a private and personal thing." - Tsai Ming-liang), des sorties de petits bijoux, comme Les Bureaux de Dieu de Claire Simon, traitées par dessus la jambe, une curiosité qui n'en finit plus de s'émousser: l'état du cinéma d'auteur en salles est pour tout dire alarmant.

La bonne nouvelle de la vente du terrain destiné à accueillir 5 nouvelles salles de cinéma à Montréal vient peut-être un peu atténuer le malaise. Mais reste tout de même cette angoissante question: le cinéma d'auteur tiendra-t-il le coup jusqu'à leur ouverture?

"I’m not happy that the critic has lost his power, has lost space in papers and weeklies and on television. I’m really sad about it. If we’re talking about interesting criticism, that is something that could be important, that could guide the public to understand more. I am honestly sad about it. The critic is now expelled from the cinema industry."

Si même Dario Argento le dit....

ESPN, la chaîne de sports américaine, fête cette année ses 30 ans. A priori, rien à voir avec rien. Sauf qu'il doit y avoir dans les bureaux du réseau quelques sympathiques visionnaires. Pour souligner l'événement, la chaîne a en effet demandé à 30 cinéastes de livrer 30 documentaires sur 30 hauts-faits du monde du sport entre 79 et 09. 30 for 30. Presque aussi excitant, donc, que les pubs des 20 ans de RDS...

Barry Levinson sur une fanfare sportive, Albert Maysles sur Muhammed Ali, Spike Jonze et Johnny Knoxville sur le BMX, Peter Berg sur Wayne Gretzky, Ice Cube sur les Raiders, John Singleton sur Marion Jones... Les détails de la série qui commence le 6 octobre prochain sont ici. Comment on fait pour s'abonner à ESPN déjà?

Quelqu'un capable d'écrire une aussi belle lettre que celle-là et de croire sans cynisme à la force de ces mots-ci: "The first impulse of any good film critic, and to this I think you would agree, must be of love. To be moved enough to want to share their affection for a particular work or to relate their experience so that others may be curious" est quelqu'un qui manquera au monde du cinéma

Le jeune critique des Philippines, Alexis Tioseco, grand défenseur du cinéma du sud-est asiatique (voir son site Criticine) et sa compagne slovène, elle aussi critique, Nika Bohinc, ont été assassinés à Manille la semaine dernière.

Le festival de Toronto sera-t-il le théâtre d'un scandale cette année? Non, les vedettes seront bel et bien là, et en masse. Non, les films mastodontes sont, eux aussi, tout aussi attendus. Et non, ce n'est même le nombre ridiculement peu élevé de films québécois sélectionnés qui choque (quoi que...).